Test Sony PMW-EX3
Depuis maintenant quelques années, la PMW-EX3 s’est imposée sur les tournages comme la nouvelle référence incontournable en matière de caméra haute définition.
Capteurs et format d’enregistrement
La PMW-EX3 a de quoi séduire par ses nombreux atouts. En optant pour des capteurs CMOS de 1/2″, Sony tourne définitivement la page des CCD. Le CMOS a une définition native de 1920×1080, ce qui correspond à la plus haute résolution HD. A titre de comparaison, la HVR-Z1 (premier caméscope HDV de poing) avait des capteurs CCD de 1/3″ avec seulement 960 pixels par ligne ! Et c’est là le premier avantage de la EX3 : des images d’un piqué à couper le souffle. On ne saurait toutefois occulter certains artéfacts inhérents à la technologie CMOS, le plus visible étant une déformation en biais sur des mouvements rapides comme des panoramiques (wobble).
La PMW-EX3 dispose d’une pléthore de formats haute définition en XDCAM EX, dont de vrais modes progressifs. Jugez plutôt : 1080 en 50/60i et 24/25/30p et 720 en 24/25/30/50/60p . Le mode 1080 24p lui vaut d’ailleurs d’être estampillée du prestigieux label Cine Alta, jusqu’à lors réservé aux caméras haut de gamme de Sony. En ce qui concerne le format d’enregistrement, Sony est resté fidèle au MPEG-2 long GOP (qui est encapsulé dans du MP4), avec un taux de transfert de 25 Mb/s identique au HDV, mais aussi de 35 Mb/s, ce dernier assurant une qualité d’image supérieure. L’échantillonnage chromatique reste néanmoins en 4:2 0 là où on aurait pu espérer du 4:2:2 (comme sur la Panasonic AG-HVX200).
La PMW-EX3 n’enregistre pas sur bande magnétique mais sur carte SxS. Il s’agit d’un format Express Card avec un taux de transfert de 800 Mb/s. Les cartes sont disponibles avec des capacités de 8, 16, 32 et 64 GB. En mode HQ (35 Mb/s), une minute de rush correspond approximativement à 260 MB , ce qui se traduit par une capacité de stockage d’environ 30 minutes sur une carte 8 GB et 1 heure sur une 16 GB.
Les capteurs CMOS de 1/2″ ont une résolution native de 1920×1080 pixels.Optique
Sans une bonne optique, une caméra même dotée d’excellents capteurs ne produirait que des images médiocre. Mais que l’on se rassure concernant la PMW-EX3, car Sony a sollicité l’un des spécialistes en la matière: Fujinon. Avec un zoom 14x, la plage focale s’étend de 5.8 à 81.2 mm (ce qui correspond à 31.4 à 439 mm en équivalent 35 mm). L’optique comporte 3 bagues : mise au point, zoom et diaphragme. Pour la mise au point, Sony a enfin réalisé le souhait de nombreux utilisateurs, en débrayant la bague en mode manuel avec butée et graduations. On contrôle alors entièrement l’optique sans passer par un servo : une spécificité particulièrement appréciable sur une caméra de poing ! La bague de zoom est dotée un ergot qui assure une bonne prise en main. Elle se pilote aussi par deux boutons, dont un à sensibilité variable. On peut ainsi facilement réaliser des mouvements de zoom progressifs sans heurts. On trouve sur la EX1 une vraie bague de diaph, idéale pour des rattrapages d’exposition en cours d’enregistrement. Et cerise sur le gâteau, l’optique de la PMW-EX3 est interchangeable, ce qui signifie que l’on peut y adapter d’autres objectifs.
Ergonomie et contrôles
La PMW-EX3 peut s’enorgueillir d’une très bonne ergonomie. Cette caméra d’épaule n’a rien à envier à ses grandes soeurs, au contraire. Une épaulière amovible permet de la caler confortablement sur l’épaule en assurant ainsi une très bonne stabilité, tout en étant suffisamment légère pour réduire la fatigue (ce qui fait la différence à la fin d’une journée de tournage !). L’accès aux différents contrôles tels que filtres ND, balance des blancs, gain ou niveau audio est aisé et intuitif. En matière de visée, on trouve un très bon écran LCD de résolution de 640×48 sur lequel se greffe le viseur. La PMW-EX3 regorge aussi de fonctions d’assistance. Concernant la mise au point, citons l’Expanded Focus qui accroît la résolution de l’image sur le viseur, le Peaking qui fait ressortir les zones de l’image parfaitement au point, ainsi qu’un graphique indiquant en temps réel la profondeur de champ. Pour l’ouverture, on retrouve en plus des zébras un histogramme très pratique pour juger de l’exposition. Citons enfin le Shot Transition, ou les différentes valeurs (focale, ouverture, balance des blancs…) sont mémorisables sur 2 presets afin de programmer des transitions parfaites (zoom, rack focus, ect). A l’usage, toutes ces fonctions se révèlent indispensables à tel point qu’il devient impossible de s’en passer ! La PMW-EX3 dispose aussi de 6 Picture Profile dont le rôle est de personnaliser le rendu de l’image grâce aux courbes Cine Gamma, knee, niveau de détail des ton chairs, matrice, noirs, ect. A titre d’exemple, en ajustant les différents paramètres relatif à la fonction knee, on peut redonner détails et couleurs dans un ciel très nuageux, qui aurait tendance à surexposer facilement. Bref avec un peu de pratique on peut facilement obtenir de superbes images. Notez enfin qu’en plus du mode caméra, la PMW-EX3 dispose d’un mode média, équivalent VCR sur une caméra à bande. On peut relire, copier, effacer les clips, ou encore ajouter des marqueurs. Les commandes relatives à ce mode sont situées près du micro.
Avant (gauche) et après (droite) ajustement des hautes lumières sur un ciel nuageux par la fonction Knee dans les Pictures Profiles.Entrées et sorties
La PMW-EX3 dispose de nombreuses entrées et sorties. Tout d’abord un port USB 2, qui permet non seulement de transférer les rushes mais aussi d’upgrader le firmware de la caméra. Notons que depuis sa sortie, Sony a mis plusieurs fois à disposition sur son site des upgrades gratuites, qui assurent notamment le compatibilité avec les nouveaux supports de stockage. En matière de vidéo, on trouve d’abord des sorties vidéo HD YUV et SDI. On peut downconvertir le signal via ses sorties pour récupérer de la SD. On trouve aussi deux autres sorties SD pour le monitoring en composite et Y/C, ainsi que des entrées et sorties Time Code (pour synchroniser plusieurs caméras lors de tournages multi-caméra), ainsi qu’une entrée Genlock et des connectiques Remote et HDV.
Avantages et workflow
Filmer avec une caméra solid state offre de nombreux avantages : plus besoin de mire de barre sur les premières secondes de la bande, pas des problèmes de drop ou de rupture de time code en montage… Tout cela est de l’histoire ancienne ! On peut aussi instantanément visionner le dernier clip enregistré en mode caméra, une fonction très pratique en tournage. Mais faire abstraction de la bande magnétique impose aussi un nouveau workflow. Si on peut s’affranchir de l’étape fastidieuse de consignation et capture lors du montage, une phase de conformation des rushes reste néanmoins nécessaire. Les médias sont des fichiers MPEG-2 encapsulés dans du MP4 : il est donc impératif de les convertir dans un format compatible avec le logiciel de montage. Deux solutions s’offrent alors. La première consiste à exploiter la nature informatique des fichiers sauvegardés en connectant le port USB de la EX3 à un ordinateur (Mac ou PC) ou en chargeant la carte SxS dans un lecteur Express Card. Pour les utilisateurs de Final Cut Pro, un plug-in gratuit disponible sur le site de Sony se charge de convertir les fichiers MP4 en QuickTime codec XDCAM EX. La rapidité de l’opération dépend du type de connexion. En lecture directe de la SxS dans le port Express Card, il faut environ 4 minutes pour une carte de 8 GB, ce qui correspond à 7 fois la vitesse réelle. En USB 2, l’opération est environ 2 fois plus lente. La seconde méthode consiste à exploiter la sortie HD-SDI de la PMW-EX3 en la connectant aux entrées du NLE (carte AJA par exemple). Si la procédure est plus lente que la précédente (c’est-à-dire temps réel), cette technique autorise néanmoins la downconversion en SD par la caméra, ainsi que le choix du codec pour la post-production.
Avec son plug-in XDCAM Transfert, les rushes de la PMW-EX3 sont convertis au format QuickTime codec XDCAM EX et importés directement dans Final Cut Pro .Archivage
Malgré un workflow idyllique, une question cruciale persiste. Comment archiver ses rushes ? Etant donne le prix des cartes, nul doute que les SxS ne sont pas un support d’archivage. Sony propose bien un lecteur HDCAM USB 2 (PDW-U1), mais cette solution reste onéreuse. La solution la plus viable consiste donc à utiliser des supports optiques (DVD ou mieux, Blu-ray) ou magnétiques (disques durs). A titre d’exemple, le contenu d’une carte de 8 GB tient sur un DVD dual layer et un disque externe de 500 GB stocke environ 30 heures de rushes XDCAM EX.
Conclusion
Avec un prix public sous la barre des 10 000 €, la PMW-EX3 reste à ce jour la caméra qui offre l’un des meilleurs rapport qualité-prix. Alliant une qualité d’image inégalée à une ergonomie parfaite, Sony peut s’enorgueillir d’avoir ici l’une des caméra les plus abouties du marché.
© 2009 Stéphane Nicolle-Xplorer studio